BUT AU GRAND COLON

le 29 mars 2018 , par David CARON , 1111 vues

Après ces avalanches de buts, un peu partout, il nous tardait de rajouter le nôtre à tous ces beaux récits.

Quand Pierre-Loic envoie sa proposition de sortie pour ce vendredi, je saute dessus. Il va faire beau, c’est déjà une bonne raison.

En plus, Pierre-Loic nous garantit une bonne poudreuse… Que demande le peuple ?

Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seul, le maitre Rico sera de la partie, une sorte de miracle.

Se joignent au groupe Aurélie, toujours prête à sortir le vendredi quand la météo est bonne, Alexandre et Joris qui tient à faire plus de 75m de dénivelé pour préparer son futur initiateur.

On se donne rdv à 7h sur le parking de Domène : tout le monde est à l’heure, Rico aussi, c’est déjà beau.

L’objectif est la face nord du grand Colon en boucle par le lac du Crozet que nous sommes beaucoup à ne pas avoir fait.

L’ambiance est bonne on se prépare, on part, on discute, il fait beau… On oublie de prendre le petit raccourci qui passe dans la foret, mais rien de grave. On s’échauffe tranquillement.

On remarque quand même que ça souffle fort sur les crêtes et nous décidons donc de ne pas faire le tour par le lac du Crozet, pour éviter le parcours sur les crêtes et pour être sur des conditions dans cette face nord.

La marche est efficace, on sort de la foret vers 1750 pour arriver devant la face Nord.

 

Là on voit que le vent ne souffle pas dans la direction annoncée par le BRA, il semble venir de l’Est alors que le BRA  annonçait un vent fort de Nord, minant logiquement toutes les faces Sud (risque 3 au dessus de 2300m, faces SE à SO plaquées => d’où le choix d’une face Nord).

On est tous un peu mitigés, mais on se dit que ce n’est peut-être pas très grave et que cela mérite d’aller voir.

Aurelie, quant à elle, a déjà pris une décision :

-       De toutes façons on ira pas au bout !

On décide de monter quand  même car les pentes sont relativement douces jusqu’aux 400 derniers mètres, et on a la possibilité de suivre un itinéraire relativement safe en évitant les pentes supérieurs à 30 degrés.

Là on fera un point de regroupement et on commence déjà à élaborer plusieurs plans d’attaque possible des 400 derniers mètres, ou même une petit pente « couloir » sur la droite si les conditions ne le permettent pas.

Alexandre prend la trace dans une belle poudreuse (30cm) reposant sur un fond relativement dur. On atteint progressivement le point de regroupement annoncé en prenant régulièrement soin de ne pas trop tirer à gauche où les pentes semblent un peu plus chargées… et plus raides.

Arrivés au point de rassemblement vers 2050, je demande à Alexandre de s’arrêter pour laisser passer un encadrant à spatule. Le but est d'aller tester la traversée et rejoindre un point de regroupement sous un rocher de l’autre côté. Rico part, on le laisse progresser seul, il ne semble pas très confiant ("Là c’est pourri", "là c’est plaqué…"). Pierre-Loic commence à le suivre quand celui-ci décide que ça ne va plus et décide de faire demi-tour… Pierre-Loic embraye également, ils font chacun une conversion pour revenir légèrement au-dessus de nous.

Au moment où Pierre-Loic passe au-dessus de moi, la pente se dérobe sous ses pieds ainsi que sous les miens. Je réussis à m’échapper en faisant 3 m sur la gauche, je vois Pierre-Loic passer à côté de moi la main sur la poignée de l’airbag. La coulée ralentit rapidement et s’arrête. Pierre-Loic est resté en surface et n’a pas eu besoin de déclencher son airbag.

Je me retourne et regarde Rico qui accélère pour nous rejoindre et la de nouveau la pente se met à partir. La plaque est un peu plus importante que la précédente et il glisse sur 30-40m, le temps  d'en perdre ses bâtons (il n’avait pas mis ses dragonnes ;)).

On avertit un "petit vieux" qui évoluait seul et qui avait décidé « d’aller voir » après Pierre-Loic que 2 plaques viennent de partir et qu’il ferait mieux de nous rejoindre. Il fait demi-tour.

Rico est un peu plus enseveli mais est quand même resté en surface. Il se dégage des blocs de neige. Joris l'aide à retrouve son bâton.

On décide donc de chausser rapidement et de filer. On se place dans les coulées pour être plus en sécurité.

Pierre-Loic et Rico n’ont rien. Les 2 plaques étaient de petites tailles (10m de large sur un 20taine de cm d'épaisseur mais ils ont quand même été surpris par leur puissance et par l’impression de ne rien pouvoir faire). La faiblesse de la pente a heureusement stoppé les coulées.

On descend un par un jusque vers 1800m. La neige est excellente, et on se dit que ce serait dommage de ne pas le refaire. On se refait une montée jusque sous les coulées et on enchaine une nouvelle descente toujours un par un.

On finit par le border cross sous et on finit a la Gelinotte pour boire un chocolat pour certain et une bonne bière pour d’autres.

 

BILAN

Au final, et après coup, on s’est dit qu’on n’avait pas spécialement besoin d’aller plus loin que le point de rassemblement vers 2050, car on savait déjà plus ou moins que c’était miné. Mais c’est vrai qu’on a voulu croire le BRA qui annonçait des plaques plutôt en sud... peut-être par gourmandise de neige fraiche.

Comme quoi il ne faut pas faire confiance aveuglement au BRA mais aussi être capable d’adapter ses choix en fonction des conditions et observations locales qui sont parfois bien différentes.

En allant plus loin, on pourrait également dire que le choix de la course n'était pas forcement le meilleur, 2 jours apres des chutes de neige et un gros épisode venteux, il aurait mieux fallu éviter d'aller chercher des pentes trop raides pour limiter le risque.

Bref, une saison décidemment bien piégeuse...

 

 

 

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