Les sirènes du Barlet

le 18 janvier 2024 , par Aurélien PERSONNAZ , 327 vues

Maudites sirènes ! Vous qui m’arrachèrent mon fidèle équipage en ce funeste 14 décembre 2024…

 

Cette sombre histoire avait commencé d’une manière bien confuse, alors que le capitaine Hoffmann visait une île voisine (le couloir SW du Ferrouillet), et que mon équipage montrait déjà des velléités de liberté (ils voulaient aller se perdre vers le Grand Armet).

Pour ma part, j’étais décidé à retourner affronter le pic de Barlet, île oubliée des dieux où j’avais assisté, dans ma lointaine jeunesse, au jeté de sac ouvert qui avait valu à un certain Matthieu M. sa place au panthéon des guenilles.  

Après les avoir habilement manipulé, je parvins à recruter deux matelots hors pairs, messieurs Vuarnet et Rotenberg, tous deux postulants au titre convoité de capitaine, respectivement en split et en ski.

Les premières lueurs de l’aube nous virent lever l’ancre sur la route de Prabert, encore innocents et pleins d’entrain. Alors que la mer se raidissait, nous avancions à bon train, partageant nos récits de voyages en terres lointaines et autres ragots guenillesques.

C’est au pied du verrou du lac de Crop qu’un vent mauvais commença à souffler. Alors que nous nous arrêtions pour équiper le navire de couteaux, deux bien trop sympathiques sirènes nous rattrapèrent et commencèrent à charmer mes fidèles matelots. Dieu merci ils résistèrent fièrement à leur chant, et c’est de justesse que nous réussîmes à repartir.

Arrivés tant bien que mal au lac de Crop, nous fûmes rattrapés rapidement par les quolibets de l'espiègle capitaine Hoffmann. J’avais en effet naïvement émis l’idée la veille que l’île de Barlet pourrait être vierge de traces alors que la dernière tempête datait de plusieurs jours. Ses couloirs Est étaient malheureusement ravagés par le passage de nombreux pirates.

Peu importe ! Laissant le train de ses injures rouler sur les rails de nos indifférences, nous repartîmes vers ce sommet mythique bien qu’un peu étroit. Et c’est dans la partie finale de cette ascension que les dieux décidèrent de se jouer de moi !

 

En effet, les périodes fastes ainsi qu’un vendredi soir passé à écumer une taverne en bonne compagnie m’avaient laissé quelque peu éreinté alors que mes fidèles matelot semblaient s’être fait greffer des poumons de cachalots.

montée

Quelle ne fut pas mon horreur de voir ces deux maudites sirènes me doubler en ce moment de faiblesse ! La suite, vous pouvez l’imaginer. Mes pauvres matelots n’ont pas tenu longtemps face à leur chant irrésistible, et c’est impuissant que je les ai vu s’éloigner inexorablement…

Retrouvant momentanément ses esprits, Monsieur Rotenberg s’inquiéta un peu de ma condition et me décrocha un “Ca va Aurélien ?” Ce à quoi je répondit par 

jenchiegrave

 

Etant déjà trop loin, il n’entendit pas ma réponse, et demanda aux sirènes si elles avaient entendu. Ces perfides créatures lui répondirent alors

sirenesostie

Rassuré par leur réponse, et visiblement pas étonné par le fait que je me mette subitement à jurer en québécois (véridique !), il reprit son rythme infernal et je le vis m’abandonner définitivement à mon triste sort…

C’est au sommet que je les ai retrouvés, déboussolés, abandonnés par ces maudites sirènes qui étaient parties tracer notre couloir avant nous…

La descente fut malgré tout fort bonne. Ce couloir NNW, bien qu’un peu tracé, avait gardé une neige très légère avec une pente juste assez raide pour en profiter sans trop serrer l’arrière train.

descente2

descente1

bete

Quelle ne fut pas notre surprise de retomber sur les deux sirènes juste sous Orionde, où après quelques politesses elles se décidèrent à asséner le coup de grâce :

sirenesmoque

Maudites sirènes !

 

Une bien belle sortie malgré tout ! Et il n'est pas tout à fait impossible que cette sombre histoire ne soit qu'une excuse pour oublier ma piètre condition physique...

Evénement lié : 2024-01-14 - Pic de barlet face NNW en boucle
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