Au milieu des géants

le 23 décembre 2023 , par Pierre-Loic CHAMBON , 182 vues

Rédacteur : Georges Toussaint

 

Jour 1 : Roche Berni (Bernard) 3.2 E1

C’est par une approche religieuse le long d’une piste de ski de fond, que nous abordons depuis le refuge des Aiguillettes du Lauzet, la combe des Chenaudes.

Notre ascension par le Bois des Bergers nous permet de constater une neige de surface humide et de faible épaisseur, jusqu’à 2200 m. Elle repose sur une couche dure en transformation. Arrivés sur le cirque glaciaire, nous distinguons de vielles coulées en Nord, parties depuis les crêtes de Roche Bernard. En Sud ça semble en place, mais bien travaillé par le vent. On décide de poursuivre le long de la ligne de talweg jusqu’au col. La 1ere ascension dans du 30° de Loïs, lui laissera un souvenir impérissable, c’est certain. D’ailleurs le lendemain, dans des pentes égales, ça allait tout de suite beaucoup mieux sur les phases de conversion en split.

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Pour la descente et à l’humanité, on laisse la forêt de mélèzes, pour cette fois-ci seulement (Berni N. je t’assure sur la tête de mes enfants, que je l’avais tellement bien vendu le ride dans les mélèzes). On privilégie donc le Y des grands couloirs de la combe des Chenaudes. C’est un choix qui s’avère technique, voir sportif pour certains. La couche de neige fraiche supérieure est fine, reposant sur de vieilles coulées de boulettes de scheisse, dieser Verkehr ist so langsam! Une fois les barres adjacentes derrière nous, le groupe se splittera en deux avec une expé sur la croupe forestière et une caravane en fond de combe.

Gloire aux mélèzes, gloire à Roche Berni et au couloir du Polonais (vidéo de Florian Berthelot)

https://www.youtube.com/watch?v=X-FXtx4PsrQ&ab_channel=FlorianBerthelot

 

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La nuit au Lauzet

Isabelle et Marc, les gérants du gîte, ont créé la surprise au souper, avec une morbiflette. Idée pour plus tard, car c’est vraiment sympa de se bifler de la sorte. Et puis la confiture aux myrtilles au petit déj’, elle ne vient pas des Balkans celle-là. Tu as de vrais morceaux. Apologie à la bouffe, camarade rédacteur oblige.

Plus sérieusement, on vous recommande chaleureusement ce gîte. Les hôtes sont d’une gentillesse sans pareil. Et les possibilités de ride, infinies.

 

La Meije, le Lautaret, Pelvoux, l’Oisans, les Ecrins orientaux, Pierre Lo, le Galibier, les Grandes Rousses, ou encore les Cerces. Autant de douceurs à venir chuchoter à ton oreille durant ton sommeil, toi le fervent rider/summiter. Autant d’impressions, de ne pas savoir comment ça va finir et de quelle anecdote guenillante tu vas pouvoir conter 😉

 

 

 

Jour 2 : Conbeynot Ouest 4.1 E2

C’est donc au milieu de ce joyeux bordel, à la croisée de quatre massifs alpins emblématiques, que se trouvent les Pics de Combeynot. Jusque-là pas si déconnant le choix du lieu. D’autant que le départ se fait à 2060 m.

Spatules aux pieds à 8h, sans prendre le temps d’aller glaner quelques infos auprès du gérant du Café de la Ferme. Tant pis pour le café, et tant pis pour l’info précieuse sur les conditions de neige.

Conditions météo / neige sur le Web

Situation anticyclonique avec iso à 3000 m (à 1500, 2 jours avant).

Les BERA de Pelvoux et de l’Oisans indiquent pour le dimanche 17 décembre un risque 3 toutes orientations au-dessus de 2400 m.

« Un manteau qui poursuit sa stabilisation, avec des plaques qui deviennent de plus en plus difficiles à déclencher ». Ne pas s’arrêter là-dessus, mais confondre avec une bonne analyse terrain.

Sur place nous notons une surface de neige ventée en rive droite du glacier (non crevassé), aux pieds des barres rocheuses. Au test bâton rive gauche, rien d’alarmant le long de notre parcours. Une belle couche de poudre homogène avec une légère cohésion, datant du 14 déc (25 à 30 cm), repose sur un manteau en stabilisation. Une seule coulée d’avalanche visible aux pieds des barres.

Récit de course

Guillaume V. prépare son stage initiateur. C’est donc tout naturellement que nous lui laissons le soin de faire la trace jusqu’au glacier. Une fois sur le verrou (replat), concertation sur la poursuite de l’ascension. On décide à l’unisson de suivre une skieuse solitaire qui a eu vite fait de nous rattraper, après un bref échange avec elle. Le plan est donc de remonter rive gauche le couloir et de basculer sur l’échine rocheuse vers les 2750 m, puis on poursuit l’ascension par une autre combe moins raide, afin d’éviter l’étroiture sur la fin du couloir et ses contres pentes menaçantes. Il s’agit de la trace n°2 sur l’extrait de carte. Mais à priori on peut retrouver cette combe encore plus tôt (trace n°3 du nouveau calque « traces de rando hivernales » de l’IGN). Itinéraire A4.1 sur la photo extraite du Toponeige Ecrin Est.

Seulement c’était sans compter sur les alertes énervées d’un skieur en aval, se disant PGHM en mode loisirs. Les signaux étaient à notre sens pas si défavorables. Mais à défaut de voir son insigne et devant la méconnaissance de l’itinéraire au-delà de l’échine, nous pousserons jusqu’à une « plateforme » à 2800 pour chausser. Les gendarmes sont peut-être un peu soulés de venir récupérer des « irresponsables ». Seulement, ça déroge au libre arbitre, des sorties montagne. Nous prévenons notre skieuse solitaire que nous faisons demi-tour.

La descente se décrit en flow d’onomatopées et d’adrénaline (Beuh!, Berk! Argn ! Aïe ! Ouille ! Pfff !).

De retour aux voitures, nous prenons le temps de débriefer devant un verre. La trace de descente dans la combe suspendue est clairement visible. Ouf, la voici victorieuse de sa course en solitaire.

 

Merci à l’équipe d’avoir participé pleinement à la bonne tenue de ce weekend.

 

 

 

Evénement lié : 2023-12-16 - Week-end guenilles au Lauzet
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